📣 Déclaration de l’UNAAPE Essonne au CDEN 91 du 27 février 2024 sur la préparation de la rentrée scolaire 2024

Chers Parents,

Vous trouverez ci-dessous la dĂ©claration liminaire de l’UNAAPE Essonne Ă  l’occasion du Conseil DĂ©partemental de l’Éducation National Ă  la prĂ©fecture d’Évry.

Palaiseau, le 27 février 2024

Madame la Préfète,

Monsieur le Vice-président du Conseil départemental,

Madame la Directrice académique,

Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,

Le dĂ©but de cette annĂ©e se singularise par de nombreuses incertitudes principalement liĂ©es aux dĂ©cisions annoncĂ©es par les ministres de l’Education qui se succèdent de plus en plus rapidement, ainsi qu’aux rĂ©cents changements en matière budgĂ©taire sur l’ensemble des services publics.

En ce qui concerne le premier point, le Mouvement autonome de parents d’élèves souhaite revenir sur le projet d’instaurer des groupes de niveau au collège à partir de la rentrée prochaine, lancé le 5/12/2023 par le ministre de l’Education Gabriel Attal et désormais entre les mains de la nouvelle ministre de l’Éducation Nicole Belloubet. Les parents d’élèves du Mouvement autonome nous interrogent sur la stigmatisation que ces groupes de niveau pourraient générer à l’égard des élèves les plus en difficulté et sur l’absence d’adhésion de la communauté éducative à ce projet.

Ensuite viennent les questions liées aux moyens alloués. A l’heure où les principaux des collèges ont reçu leur DHG et présenté leur répartition en conseil d’administration, les parents d’élèves s’inquiètent de son impact sur les autres enseignements :

  • Les groupes de niveaux sont consommateurs d’un grand nombre d’heures de DGH dès lors qu’il faut crĂ©er plus de groupes que de classes. Nous constatons qu’en raison de DGH trop faibles cela se traduit dans les collèges par la perte de dĂ©doublement dans d’autres niveaux ou dans d’autres matières (en particulier dans les matières scientifiques), par la perte de projets ou d’options.
  • Qu’en sera-t-il des emplois du temps ? Les groupes mĂ©langeant des Ă©lèves de plusieurs classes, devront ĂŞtre alignĂ©s. Ce sont des contraintes très fortes pour rĂ©aliser les emplois du temps qui s’ajoutent aux contraintes habituelles en particulier au regard de la disponibilitĂ© des structures sportives pour les cours d’EPS. Nous craignons des emplois du temps Ă  rallonge, avec de nombreuses heures de permanences, voir des pauses mĂ©ridiennes rĂ©duites ne respectant pas la durĂ©e minimum lĂ©gale d’1h30.
  • Les collèges n’ont pas toujours suffisamment de professeurs de français et mathĂ©matiques pour aligner les groupes de niveaux.
  • Les groupes moyens et forts risquent d’être surchargĂ©s sans possibilitĂ© de dĂ©doublement.
  • En thĂ©orie un Ă©lève peut changer de groupe en cours d’annĂ©e, mais en pratique cela sera impossible si le groupe qui doit l’accueillir est en limite de capacitĂ©.
  • Nous nous inquiĂ©tons de l’évaluation et de la rĂ©partition des Ă©lèves Ă  besoins Ă©ducatifs particuliers, avec le risque de les concentrer dans les groupes faibles.
  • Les professeurs de mathĂ©matiques et français seront-ils contraints d’être professeurs principaux d’élèves qu’ils ne connaissent pas ?
  • Nous ne pouvons parler au nom des enseignants mais les parents d’élèves se demandent quelle connaissance ils auront des Ă©lèves de la classe qui ne seront pas dans leur groupe de niveau. Un professeur principal peut-il rĂ©ellement ĂŞtre l’interlocuteur privilĂ©giĂ© de la famille s’il ne voit pas l’élève de la semaine ?
  • Autre crainte des parents d’élèves, celle de voir disparaĂ®tre les groupes-classes au collège comme cela a Ă©tĂ© le cas dans les lycĂ©es avec la rĂ©forme du BaccalaurĂ©at et les spĂ©cialitĂ©s qui ont dĂ©truit cette notion. C’est un tort de considĂ©rer que les Ă©lèves avant leurs Ă©tudes supĂ©rieures n’ont pas besoin de cohĂ©sion et d’appartenance Ă  un groupe. Face aux incertitudes de leur âge, aux changements en tous genres qu’ils ont Ă  affronter au collège et au lycĂ©e, ils ont besoin, plus que jamais, d’être rassurĂ©s et d’avoir un cadre bien dĂ©fini et ferme.

Les DSDEN, les rectorats et le ministère se sont-ils penchĂ©s sur la faisabilitĂ© des emplois du temps ? Se sont-ils penchĂ©s sur l’impact de la disparition du groupe-classe ? Envisagez-vous d’augmenter les DGH partout oĂą cela sera nĂ©cessaire pour maintenir les dĂ©doublements nĂ©cessaires Ă  de bonnes conditions d’apprentissages, les options et projets qui participent Ă  la richesse de l’enseignement ? Les tableaux envoyĂ©s en amont de ce CDEN ne traduisent pas cette volontĂ©.

Trois mois après l’annonce du « choc des savoirs », il est anormal d’être dans le flou le plus total quant à la mise en place de cette réforme dont la faisabilité n’a manifestement pas été réfléchie en profondeur ni budgétisée. Il faudrait arrêter de faire des générations-tests.

Enfin nos inquiétudes portent aussi sur le fond de cette réforme ce qui nous amène au deuxième point. Celle-ci part du constat que des élèves arrivent en 6e sans avoir le niveau requis en mathématiques et français.

Pourquoi alors ne pas avoir choisi d’agir sur le niveau primaire en donnant des conditions vĂ©ritablement favorables aux apprentissages ? En rĂ©duisant le nombre d’élèves par classes dans tous les niveaux, en renforçant les RASED, en recrutant suffisamment d’AESH et en renforçant les brigades de remplacement, pour mettre fin Ă  ce flĂ©au que sont les « paquets d’heures non remplacĂ©es Â».

Peut-ĂŞtre faudrait-il revenir sur le rĂ´le important que peuvent avoir les MaĂ®tres E (dominante pĂ©dagogique) et MaĂ®tres G (dominante comportementale) dans le Primaire. Il est regrettable que le nombre de ces postes ait fortement diminuĂ© et d’attendre que les Ă©lèves arrivent en 6ème pour constater qu’ils n’ont pas les acquis. Ces constats ne sont-ils pas dĂ©jĂ  faits dès le Primaire ? Les effets de la rĂ©duction des effectifs par classe en REP et REP+ sont positifs mais des classes Ă  effectifs raisonnables (24 en classe) en Primaire et au Collège dans les secteurs hors REP et REP+, qui accueillent eux aussi des Ă©lèves en grandes difficultĂ©s, seraient tout autant apprĂ©ciĂ©es. Il serait bon Ă©galement de reconsidĂ©rer le nombre d’heures de Français et de MathĂ©matiques qui n’a cessĂ© de diminuer depuis 40 ans.

Invariablement les évaluations nationales se succèdent et le confirment. Espérant sans doute résoudre ces difficultés profondes en les invisibilisant, des directions d’établissement refusent désormais de nous présenter et communiquer les résultats globalisés des évaluations en conseil d’école ou conseil d’administration, au motif qu’il s’agit d’outil interne ou pour éviter qu’il ne serve d’outil au contournement de la carte scolaire par les parents. Certes l’argument semble légitime comme pour les IPS, mais il n’est pas fondé en droit comme l’avait déjà tranché le tribunal administratif en 2022.

Ceci nous amène au sujet de la place des parents d’élèves dans l’Ecole. Certains voudraient les exclure de l’Ecole. Ou alors peut-ĂŞtre s’agit-il seulement des reprĂ©sentants de parents d’élèves ? Pourtant leur rĂ´le est important car ils sont un lien entre la vie privĂ©e de l’enfant et la vie scolaire. En rĂ©alitĂ© nous ne faisons pas de garde partagĂ©e mais nous partageons la vie de nos enfants sous un statut diffĂ©rent au cours de la journĂ©e.

Un temps ils sont nos enfants, un temps ils sont vos élèves. Tout parent quel que soit son niveau d’instruction est légitime à désirer le meilleur pour son enfant, à vouloir qu’il trouve sa place et soit heureux. Parfois il ne manque pas grand-chose à un enfant pour qu’il ait le niveau, qu’il soit bon, un peu de temps, juste un peu de temps, une explication différente, et parfois du concret et des messages positifs.

Puisque l’objet de ce CDEN est de prĂ©parer la rentrĂ©e 2024, qu’en sera-t-il de ce temps d’enseignement si prĂ©cieux Ă  la rĂ©ussite des Ă©lèves ?

Et bien face Ă  tous ces enjeux Ă©ducatifs, il convient de mettre en miroir le montant des crĂ©dits annulĂ©s pour la mission « Education nationale Â», d’abord dans l’arrĂŞtĂ© du 26 janvier 2024, dans lequel le ministre de l’Economie et des Finances annule un montant de 285 millions €. Puis dans le DĂ©cret n° 2024-124 du 21 fĂ©vrier 2024 portant annulation de 691 millions € de crĂ©dits. L’ancien ministre de l’Education nationale devenu le plus jeune 1er ministre en France, nous avait pourtant assurĂ© le 12 janvier 2024 lors de sa passation, que « L’Ă©cole sera la mère des batailles de mon gouvernement et j’en serai le garant Â».

En 26 jours, c’est bien 1 milliard € cumulé de coupes budgétaires dans l’Education nationale. Pourtant, cette mission éduquer les enfants de la Nation est essentielle et mérite plus que des promesses en l’air, elle implique des moyens humains et financiers suffisants.

Est-ce que les tableaux, intĂ©grant d’ores et dĂ©jĂ  des mesures de fermetures de classe dans le 1er degrĂ© et des baisses de DHG dans le 2nd degrĂ©, transmis par la DSDEN avant ces annonces et ces coupes massives, vont-ils faire l’objet d’une seconde cure d’austĂ©ritĂ© ?

Enfin, notre dernier point concerne un autre service public indispensable aux familles et en proie aussi aux coupes budgĂ©taires : la restauration scolaire. Garantir aux jeunes essonniens, de toutes conditions, des repas abordables et complets pour qu’ils puissent ne pas penser Ă  la faim et se concentrer sur les apprentissages, c’est donner Ă  chaque collĂ©gien essonnien les moyens de la rĂ©ussite.

Le Conseil DĂ©partemental des Yvelines, malgrĂ© une baisse anticipĂ©e de l’ordre de 170 millions € de recettes (DMTO) dans le budget 2024, a maintenu la prioritĂ© donnĂ©e Ă  la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s alimentaires dans ses 115 collèges. A date, un collĂ©gien dans le dĂ©partement voisin des Yvelines, dĂ©partement favorisĂ© de l’acadĂ©mie de Versailles, bĂ©nĂ©ficie chaque jour d’un repas Ă  5 composantes pour un tarif infĂ©rieur Ă  celui d’un repas Ă  4 composantes qui est proposĂ© par le Conseil DĂ©partemental de l’Essonne. Pour s’attaquer rĂ©ellement Ă  ces inĂ©galitĂ©s alimentaires en Essonne, moins favorisĂ© que les Yvelines, nous rĂ©itĂ©rons encore la demande des reprĂ©sentants des personnels et des parents d’élèves de l’Essonne d’un retour Ă  un menu Ă  5 composantes sans augmentation tarifaire.

Nous vous remercions de votre attention.

Nabil Bouzerna pour l’UNAAPE Essonne

CDEN 91

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